Des trois vallées béarnaises, Ossau est certainement celle qui conserve encore des éléments traditionnels de sa culture populaire. La langue romane, le béarnais, parlée encore discrètement dans certaines familles, offre les caractères des idiomes du domaine gascon, même si quelques traits propres aux zones de montagne (vocabulaire, expressions, etc.) sont affirmés avec force par ceux des Ossalois qui pratiquent régulièrement la léngue mayrane.
Elle constitue l’ossature de la tradition orale, que l’on retrouve dans la géographie non écrite des bergers, dont sont issus nombre de toponymes, assez souvent déformés mais qu’ont pu retenir parfois les rédacteurs du cadastre napoléonien et que les archives locales des bornages mentionnent depuis le Moyen Age avec précision.
Les éléments de cette culture populaire se retrouvent essentiellement dans le décor extérieur des maisons (encadrements des portes en pierre d’Arudy, linteaux gravés et/ou sculptés, etc.), les objets de la vie quotidienne essentiellement pastorale (colliers des animaux domestiques, cuillères en bois décorées, quenouilles, etc.), les meubles (armoires, coffres, décors de cheminées), les instruments de musique et les costumes de fêtes.
Le patrimoine immatériel de la langue met toujours à l’honneur les chants et danses, inséparables de toutes manifestations festives, privées ou publiques.
Colliers
Colliers, sonnailles
C’est surtout pour pouvoir repérer leurs troupeaux que les bergers et vachers mettent des colliers et des sonnailles à leurs troupeaux.
Certains colliers peuvent être simples, ils sont laissés sur le pâturage tout au long du temps de l’estive et portent les initiales du propriétaire. Ils sont réalisés le plus souvent en frêne pour la grande souplesse de cette essence.
D’autres sont plus ouvragés, dans ce cas, se sont surtout des colliers et des sonnailles utilisés lors des transhumances (surtout à la montée). Leurs décorations sont plus élaborées, parfois peintes ou, pour les plus anciennes, gravées. Sur les dessins relativement variés, nous pouvons trouver : des cœurs, des végétaux, des étoiles, des dates (de fabrication), l’identification de la commune, des têtes d’isards et pourquoi pas le pic du Midi d’Ossau !
Dans certaines familles, comme les Carrère de Gère-Bélesten et Bielle, la tradition de sculpter puis de les peindre était encore vivace dans la fin du XXe siècle.
Lors d’un décès dans une famille de bergers, le deuil était marqué dans le troupeau lors de la transhumance par un moindre nombre de sonnailles. Seules étaient conservées celles des bêtes rythmant la marche du troupeau.
Toutes ces décorations sont simples mais on y observe souvent les initiales du propriétaire, rarement son nom en entier et des croix qui mettent le bétail sous protection divine. De façon générale, tout comme sur l’entrée des granges, des bergeries ou des étables, des signes de protection sont fréquents.






Meubles
L’artisanat du bois a occupé, jusqu’au XXe siècle, d’assez nombreuses familles de menuisiers dont on a retrouvé les noms dans les archives locales ou régionales : interventions notables dans les églises et leurs décorations (portes, retables, statues, etc.). Les principales essences utilisées sont le chêne, le noyer et le merisier.
Le coffre reste un meuble traditionnel, rustique, à côté d’armoires simples héritées de style du XVIIIe siècle béarnais, avec l’utilisation décorative de la pointe de diamant et de ses variantes.
Un atelier est bien connu pour la fabrication de ses armoires à la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle : celui des Géraut, de Laruns, auquel on s’adressait notamment pour la confection d’armoires de mariage à deux portes, dont les décors s’inspiraient de ceux des écoles béarnaises du siècle précédent (oiseaux, cœurs, fleurs, etc.); s’y ajoutaient ceux symbolisant le mariage en Ossau : le cordon spécifique (présent dans la cape blanche de deuil originale, disparue à la fin du XIXe siècle) marque de l’union matrimoniale et lou poumé ou pommier symbolique à neuf branches couronnées chacune d’une pomme (offert par la marraine à la mariée).



Costumes
Les habits de cérémonie (fêtes), conservent une valeur patrimoniale où s’affirme un rituel du savoir-faire et du savoir-habiller, illustré déjà dans les lithographies du XIXe sicècle.
On le retrouve, pour les femmes, dans une vêture héritée pour l’essentiel du XVIIIe siècle, à la composition constante : jupe (ou robe) de drap de laine ou de soie plissée, protégée par un tablier blanc orné de fine dentelle, corsage ajusté (s’agrafant sur le devant par deux parements de soie colorée brochée) et à l’encolure large voilée par une guimpe de batiste blanche (sur laquelle est posée une croix héritée du XIXe siècle), grand châle en laine type cachemire ou en soir brochée de couleur, rubans de ceinture tissés de motifs floraux multicolores.
La tête est serrée dans une coiffe de piqué blanc à l’apparence simple, qui supporte le capulet rouge, doublé ou orné de soie, au port particulier.
Cette richesse du costume féminin, où s’allient rigueur dans l’ajustement des pièces et symétrie harmonieuse de l’ensemble, distinguait et distingue encore les femmes d’ Ossau des autres Pyrénéennes.
Elle contraste avec l’habit masculin, uniforme, influencé dès l’époque romantique par celui des guides alpins de montagne : gilet blanc et veste de laine rouge à larges revers, mais maintien de la culotte de l’ Ancien régime, de la grande ceinture en laine fine frangée, des guêtres sans pied tricotées aux points de fantaisie très variés et du béret de laine brune à larges bords.
On notera le maintien aussi de la cape de laine épaisse brune, dite « à pointes ».



Chants & danses
C’est dans le corpus de nombreux chants traditionnels que l’homme exprime en Ossau avec simplicité les joies des jours de fête, l’amour souvent malheureux mais aussi la tristesse du berger loin de sa maison : Au barricot déu nobi, Coulourine de rose, M’a pres per fantasie…, sujets poétiques repris par un Pierrine Sacaze-Gaston au XIXe siècle (Pic déu mieydie, La Roseto, Adiu primtémps de l’ Adje). Avec les chansons de neuf (sus la punte de l’espade, L’auseroû de nau plumetes…), la danse s’invite pour donner les branles chantés, le temps du Carnaval et de son Faranla.
Les danses en cercle ouvert ou fermé, mixtes (branles issus de la Renaissance) ou masculines (sauts, provenant d’un fonds commun basco-béarnais à l’épicentre situé en Pays Basque) ont accompagné la vie quotidienne et les moments festifs; elles se sont maintenues, comme les costumes, pour les fêtes patronales ou à l’ occasion de prestations locales ou régionales pour un tourisme culturel. Elles attirent encore un public d’origine urbaine, comme à l’ Epoque romantique et sous le Second Empire où la mode des villes thermales -Eaux-Bonnes et Eaux-Chaudes- attirait de nombreux curistes, friands de spectacles où les bals ossalois, sortis de leur contexte culturel villageois, constituaient une attraction :
costumes extraordinaires, danses originales d’hommes et de femmes au parler étrange/r exprimant leur singularité.
Vous pouvez, avec ces liens, découvrir des informations plus précises sur la « danse » et les « instruments de musique ».



